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J'ai croisé François pour la première fois il y a 15 ans, à Tokyo, dans l'ambiance enfumée du foyer des élèves du Lycée Franco-Japonais. Je l'ai immédiatement détesté.

Quelques mois plus tard, c'est pourtant avec lui comme capitaine que je m'embarquais sur un radeau à l'ambitieux destin, destiné à refaire le monde, en compagnie de quelques chevelus déracinés en mal de bohème. L'aventure commençait, et j'allais y apprendre énormément sur l'amitié.

Le charisme de François nous mena finalement par des chemins magiques à deux doigts de la gloire. A partager le destin d'un type aussi déterminé, et croiser dans son sillage autant de personnalités, on en vient à croire que rien ni personne n'est impossible à atteindre dans ce monde.

De lui, comme tous ses amis, j'ai appris énormément, et je lui suis notamment reconnaissant de m'avoir démontré par l'exemple le sens du mot professionnalisme, un concept qu'il envisageait comme la voie suprême vers l'impeccabilité.

Honnêteté, courage, opiniâtreté, compétence : en art comme en affaires, il s'y entendait, et il valait mieux l'écouter.

François a toujours su et souvent dit qu'il avait peu de temps, et c'est sans doute ce qui le poussa à parcourir tant de chemin, à vivre tant d'aventures, à croiser tant de vies.

A François-René de Lautréamont, son héros de jeunesse à qui il dédia de superbes pages, affûtant la plume qui allait être sa plus belle arme, il a emprunté ce pressentiment qu'il fallait foncer coûte que coûte pour aller loin avant qu'il ne soit trop tard.

Et pourtant, c'est toujours avec détachement et humour qu'il prenait les péripéties de l'existence, lui qui a eu son lot d'épreuves. Se souvenir de François, c'est d'abord se souvenir de son rire, un rire à faire trembler la montagne.

La trace qu'il nous laisse, en précurseur bienveillant, se reflète dans les dizaines de témoignages qui nous arrivent chaque jour, et ne cessent de s'accumuler sur Internet depuis la nouvelle de son départ.

La vie de François est remplie à ras-bord de merveilles, de trésors. Grand voyageur, recordman des inscriptions universitaires, courageux brancardier, chauffeur de star, sympathique libraire, businessman, échangeur et diffuseur de cultures, vulgarisateur, auto éditeur, éditorialiste indépendant et inaliénable, génial adaptateur, auteur polémique sous de nombreux pseudonymes, bricoleur de ripobes, showman désopilant; les exploits de François, au grand jour ou dans l'ombre, sont ceux de ses passions éclectiques et fougueuses.

Il nous laisse à tous un immense patrimoine de projets et d'ambitions, charge au grand réseau d'amitié qu'il a su réunir de continuer dans le chemin qu'il a tracé. Ses amis ici réunis commencent à peine à mesurer l'importance de ces traces, de ces témoignages, de ces trophées qu'il nous faut maintenant préserver pour que la mémoire de cet ami inoubliable demeure, et qu'elle soit notamment transmise à ses enfants.

Sarah et Thomas doivent absolument savoir qu'en plus d'une mère exceptionnelle, Mireille, à qui en tant qu'amis de François nous devons tous reconnaissance et admiration, ils ont un père formidable et bourré de talents.

Etre les témoins et les gardiens de la personnalité et de l'œuvre de François, c'est la tâche et le devoir de ses amis.

Et soyez assuré que de là où il est, François saura nous rappeler à l'ordre, à coup de gueules, coups de cannes ou plus probablement coups de cœur, si nous ne sommes pas à la hauteur.


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